RETOUR AU PAYS

Le retour de la compagnie « SI EL HOCINE » de GHARDIMAOU (TUNISIE) à la Wilaya III est un récit épique qui a marqué l’histoire de la lutte pour la liberté et l’indépendance. Au début du mois de février 1958, la compagnie a reçu l’ordre de rentrer dans la Wilaya III avec un important lot d’armes de guerre et de munitions, chargées sur des mulets.

Des armes de fabrication allemande, des mortiers, des mitraillettes, des fusils d’assauts, des mausers… Cette compagnie était équipée pour mener une guerre acharnée contre l’occupant. Cependant, leur périple ne sera pas sans embûches.

Alors qu’ils se dirigeaient vers la région d’ANNABA, la compagnie de moudjahidines a été accrochée par une armada de soldats ennemis, appuyés par l’artillerie lourde et l’aviation. Malgré leur courage et leur détermination, ils ont perdu beaucoup d’hommes au combat. Dans leur désir de protéger les armes lourdes qu’ils avaient chargées sur les mulets, le chef de la compagnie a pris la décision de rebrousser chemin et de rejoindre la caserne ZITOUNA.

Après une attente d’une vingtaine de jours à la caserne, la compagnie a reçu des instructions pour reprendre la traversée sans les armes lourdes chargées sur les mulets. Cette décision leur permettait de se déplacer plus facilement, chaque soldat étant muni de trois armes légères et de munitions. Pour éviter les embuscades de l’ennemi, ils ont décidé de passer à travers des monts et des bosquets, loin des campements militaires, des zones de vie et de la population.

Le seul but de la compagnie était de réussir leur mission qui était d’acheminer les munitions à la Wilaya III. Le mouvement de la compagnie de « SI EL HOCINE » était sans embûches jusqu’à la ligne MAURICE où elle retrouve deux autres compagnies de la Wilaya III, l’une est conduite par RABAH LAKSOUT et l’autre par DIAB MOHAMED à la recherche d’un point de passage.

Après une concertation entre les trois chefs, il a été décidé de désigner trois groupes de moudjahidines qui allaient frayer des passages sur la ligne MAURICE. Malgré les difficultés, les brèches ont été ouvertes après des efforts colossaux, ce qui a permis le passage rapide des moudjahidines.

Au cœur des montagnes, les moudjahidines ont bravé les éléments et l’ennemi avec une détermination sans faille. Les soldats ennemis avaient compris leurs mouvements et ont répliqué avec une violence inouïe. Les bombes éclairantes ont illuminé la nuit, laissant place à un déluge de feu qui a mis en péril la vie des combattants.

En ce temps hivernal, le froid mordant et les vents glaciaux rendaient chaque pas plus difficile que le précédent. Les moudjahidines étaient déterminés à poursuivre leur mission, malgré les conditions météorologiques désastreuses. Ils avaient un objectif en tête, un but noble pour lequel ils étaient prêts à donner leur vie s’il le fallait.

Leur traversée de la rivière, pour atteindre l’autre côté de l’Oued, était devenue un véritable défi. Les eaux en furie avaient coûté la vie de plusieurs d’entre eux, emportés par la force des courants. Mais les survivants savaient qu’ils ne pouvaient pas abandonner, pas maintenant. Ils avaient une mission à accomplir et ils ne pouvaient pas laisser les sacrifices de leurs camarades tomber dans l’oubli.

Une fois sur l’autre rive, les compagnies se sont reformées, rassemblant les survivants de chaque troupe. La compagnie « SI EL HOCINE » a reçu l’ordre de se diriger vers Oued ALEG, mais elle n’a jamais atteint sa destination. En effet, elle s’est retrouvée encerclée et attaquée toute la journée. Les tirs ennemis pleuvaient sans répit, faisant de nombreuses victimes.

Les rescapés ont finalement trouvé refuge dans le village d’EL HOUARA, où les moudjahidines locaux les ont aidés à trouver un autre itinéraire, évitant ainsi les plans de l’ennemi. Après une nuit de repos, ils ont repris leur chemin vers le mont DEBAGH, où une grande bataille a éclaté entre les moudjahidines de la région et les soldats ennemis.

Le mois de mars 1958 a marqué une nouvelle étape dans leur parcours. La compagnie a été envoyée surveiller Djebel GHADIR, une zone à haut risque. Afin d’éviter tout accrochage, la compagnie a décidé de dévier vers Djebel EL HACINE, mais même cela n’a pas suffi à les épargner. Ils se sont retrouvés face à face avec des soldats sénégalais de la légion étrangère, provoquant la perte de plusieurs moudjahidines, dont SI AMAR BICHOU de TIGZIRT.

Malgré ces tragédies, ils ont poursuivi leur mission avec acharnement. La compagnie a traversé Djebel EL HACINE pour atteindre Djebel HERBOUCHE, avant de se diriger vers l’Oued MILIA. La traversée de la rivière a été difficile et périlleuse, les soldats ennemis attendant de pied ferme pour les attaquer. Mais avec l’aide des moudjahidines locaux, ils ont réussi à traverser sans aucune perte humaine.

Ils ont continué leur périple jusqu’à Oued MOUMEN, près de la ville de SETIF, puis vers la région des AIT ABBAS, aux environs d’AKBOU. Leur périple a finalement pris fin au P.C de la wilaya III.

L’histoire de « SI EL HOCINE » est celle d’un homme courageux, un combattant de la liberté qui a sacrifié sa vie pour l’indépendance de son pays. Après un passage rapide à ADENI, son village natal, pour revoir sa famille, il s’est rendu dans la région de DELLYS pour y devenir chef de région. C’était un officier expérimenté, habile dans les opérations militaires et la reconnaissance, et il a rapidement commencé à restructurer et à organiser les opérations de sa région.

Cependant, le destin a voulu que « SI EL HOCINE » tombe au champ d’honneur les armes à la main lors d’une bataille féroce sur les monts de REBVAL aux environs de DELLYS en octobre 1959. Il a donné sa vie pour la cause de l’indépendance de son pays, en combattant l’oppression et l’injustice.

Après l’indépendance de l’Algérie, ses ossements ont été déterrés et transférés au cimetière de SIDI YACOUB à ADENI, son village natal, en hommage à son sacrifice ultime. Aujourd’hui, son nom est synonyme de courage et de détermination, un exemple de la résistance des Algériens pour leur liberté et leur dignité.

Cette histoire, tirée de sources telles que « Gloire à nos martyrs », la « Revue du bureau de la wilaya anciens Moudjahidines TIZI OUZOU », « El moudjahid », et même une émission radio de AIT HAMOU Tahar, témoigne du sacrifice de « SI EL HOCINE » et de nombreux autres combattants pour l’indépendance de l’Algérie. Leurs histoires continuent d’inspirer et de motiver la jeunesse algérienne, rappelant que la liberté est un droit fondamental qui doit être défendu avec détermination et courage.

 Gloire à nos Martyrs

Par BADJOU Hamid, fils de SI EL HOCINE.

Sources :

  • Revue du bureau de la wilaya anciens Moudjahidines TIZI OUZOU
  • El moudjahid 01/11/2008
  • Dépêche de Kabylie 18/12/20211
  • Emission radio chaine 02 de AIT HAMOU Tahar